La Chouette & Cie

Personnage absurde de couleur rose, en lévitation sur ses pattes, la Chouette est probablement l‘être le plus malchanceux du monde.

La forêt qu’elle habite est peuplée d’animaux plus ou moins timbrés, qui sont tous facteurs de dérangements. Entre autres : une grenouille autoritaire qui souhaite tout contrôler, un mouton bienveillant mais super collant, un phasme bricoleur qui souhaite mettre son génie déjanté au service de la communauté, une chauve-souris idéaliste et exubérante.

Quand on a le caractère ronchon et soupe-au-lait de la Chouette, quand on déteste le bruit, le désordre, et les autres de manière générale, il n’y a rien de pire que de vivre dans un tel voisinage.

Est-ce qu’elle attire les ennuis ? Est-ce qu’elle les cherche ? Elle a le don, en tout cas, de choisir les mauvaises options et de se mettre elle-même dans le pétrin pour obtenir le calme.

Et comme, en plus d’avoir un caractère imbuvable, elle aime frimer et en remontrer aux autres, elle est capable, pour ne pas perdre la face, de s’embourber dans des situations de plus en plus inextricables.

Emportée par le moment, la Chouette ne semble pas consciente qu’elle se dirige vers sa fin. Par honneur, elle fonce tête baissée vers l’adversité, avec une endurance qui confine – littéralement – au don de soi et qui force le respect.

Croisement entre la Panthère Rose (pour sa propension à se retrouver dans des situations absurdes et surréalistes), le Coyote de Roadrunner (pour sa poisse tenace et systématique) et Monsieur Patate (pour sa faculté à se démonter), la Chouette finit invariablement en morceaux, à moins d‘être explosée, écrasée, foudroyée, râpée, voire vitrifiée.

Dans l‘écosystème de la forêt, le mauvais caractère de la chouette et son sens involontaire du sacrifice ne sont bizarrement pas inutiles au bon ordre des choses. En voulant nuire aux autres, il n’est pas rare qu’elle leur rende indirectement service.

Il y aurait donc un sens derrière tout ça ?